Thibault Gauthier

Capone : le biopic de Josh Trank avec Tom Hardy enfin disponible en VOD après six ans d'attente

Capone : le biopic de Josh Trank avec Tom Hardy enfin disponible en VOD après six ans d'attente

Après six ans d’attente, le biopic Capone est enfin disponible en vidéo à la demande — une sortie qui, pour beaucoup, semble arrivée trop tard. Réalisé par Jos Trank et porté par Tom Hardy dans le rôle du légendaire gangster Alphonse Gabriel Capone, le film sorti en 2020 n’a jamais vraiment eu sa chance. Pas de grande campagne de promotion, pas de sortie en salles significative. Juste un silence pesant, puis une arrivée discrète sur les plateformes VOD, Blu-ray et DVD. Et pourtant, ce n’est pas un simple film de gangsters. C’est un portrait déchirant d’un homme qui s’effondre — corps, esprit, et mémoire — sous le poids de sa propre légende.

Une vie en déliquescence, filmée avec une violence poétique

Al Capone n’est plus le roi de Chicago. En 1939, après dix ans de prison fédérale, il est libéré, affaibli par la syphilis neurologique. Il atterrit à Miami, sous surveillance, avec une fortune cachée et une démence qui ronge ses souvenirs. Le film ne le montre pas en train de tirer sur des ennemis dans des ruelles de Chicago. Il le montre, tremblant, confus, hurlant dans sa chambre, persuadé que des hommes en noir viennent lui voler son argent. Hardy, lui, ne joue pas un gangster. Il joue un fantôme. Un homme qui ne sait plus qui il est, mais dont l’instinct de survie reste intact. C’est du théâtre de l’horreur psychologique, presque expressionniste.

Trank, qui avait déjà déçu avec son Fantastic Four de 2015, semble ici avoir tout misé sur l’atmosphère. Pas de poursuites en voiture, pas de fusillades spectaculaires. Juste des ombres, des murs qui suintent, des sons étouffés, et ce regard vide de Hardy — parfois lucide, parfois perdu — qui vous colle à la peau. Le film s’appuie sur des faits réels : Capone a été diagnostiqué avec une neurosyphilis en 1938, a perdu la capacité de parler clairement, et est décédé le 25 janvier 1947 à Miami, dans un état de démence avancée. Le scénario n’invente rien. Il amplifie.

Une critique implacable : « Tom Hardy touche le fond »

Le Point n’a pas mâché ses mots. Dans une critique intitulée « Avec “Capone”, Tom Hardy touche le fond », le magazine affirme que l’acteur britannique « s’auto-parodie », qu’il joue un Capone « à la limite du caricatural », avec des grimaces exagérées et une voix rauque qui rappelle plus Mad Max que Scarface. Certains spectateurs ont réagi avec colère : comment peut-on réduire un homme comme Capone à un monstre grotesque ? D’autres, au contraire, ont salué la performance comme l’une des plus audacieuses de Hardy — une plongée dans la folie, sans filtre.

Il faut dire que Hardy a déjà prouvé sa capacité à se fondre dans des rôles extrêmes : de Bane dans The Dark Knight Rises à l’alcoolique de The Revenant, en passant par son rôle dans Dunkerque de Christopher Nolan en 2017. Mais ici, il n’y a pas de héros, pas de moralité. Juste un homme qui se décompose. Et c’est peut-être ce qui dérange.

Un film en retard, un réalisateur en crise

Le projet a été annoncé pour la première fois en 2016. Puis, il a disparu. Des rumeurs de conflits avec le studio, des retouches infinies, des problèmes de montage… La sortie en 2020, sans aucune campagne, a été perçue comme un abandon. Trank, après l’échec retentissant de Fantastic Four, était devenu une figure paria à Hollywood. « After director Josh Trank epically shit the bed with the Fantastic Four reboot, I wasn't really sure we'd ever see him make another movie again », écrivait IMDb News en 2025. Ce film, donc, est peut-être son ultime tentative de se racheter. Et il l’a fait… à sa manière.

Il ne s’agit pas d’un biopic traditionnel. Pas de chronologie claire. Pas de récits de crimes. Juste une descente aux enfers, filmée avec une esthétique presque expressionniste, où chaque ombre semble porter un poids. Le budget ? Inconnu. Les recettes ? Nulles. Mais le film existe. Et il est là.

Capone dans l’histoire du cinéma : entre De Niro et Boardwalk Empire

Capone dans l’histoire du cinéma : entre De Niro et Boardwalk Empire

Capone a déjà été incarné par de grandes figures du cinéma. Robert De Niro l’a rendu mythique dans Les Intouchables (1987) de Brian De Palma, avec une puissance silencieuse et une présence magnétique. Plus tard, Stephen Graham l’a incarné dans la série Boardwalk Empire (2010-2014), avec une violence brutale et un humour noir qui en faisaient un personnage presque tragique.

Hardy, lui, ne cherche pas à rivaliser. Il veut montrer l’effondrement. Et dans ce sens, son Capone est unique. Il n’est pas un monstre. Il est un homme qui a tout perdu — sa puissance, sa mémoire, sa dignité. Et ce qui est le plus troublant, c’est que vous finissez par le plaindre.

Que devient le film maintenant ?

Il n’y a pas de suite prévue. Pas de série dérivée. Pas même un remaster en 4K. Le film vit désormais dans l’ombre, comme son personnage. Disponible sur les plateformes VOD, en Blu-ray et en DVD, il attend que les spectateurs curieux le découvrent — pas comme un classique, mais comme un objet cinématographique étrange, presque mystique. Un film que les cinéphiles regarderont dans 20 ans, en se demandant : « Pourquoi personne n’en a parlé à l’époque ? »

Frequently Asked Questions

Pourquoi le film Capone a-t-il mis six ans à sortir après sa date initiale prévue en 2016 ?

Les retards sont attribués à des conflits avec le studio, des problèmes de montage et un manque de confiance du marché après l’échec du reboot de Fantastic Four en 2015. Le film a été achevé en 2018, mais sa sortie a été repoussée à plusieurs reprises, jusqu’à une diffusion discrète en 2020, sans campagne promotionnelle. Il a été jugé trop sombre et trop expérimental pour un public large.

Tom Hardy s’est-il vraiment auto-parodié dans ce rôle, comme le prétend Le Point ?

La critique du Point est sévère, mais elle est partagée. Certains voient dans sa performance une exagération théâtrale, proche de ses rôles dans Mad Max ou Inception. D’autres y voient une exploration audacieuse de la démence, où la voix rauque et les grimaces reflètent la dégradation neurologique de Capone. C’est une interprétation volontairement controversée, conçue pour choquer, pas pour plaire.

Le film est-il fidèle à la vie réelle d’Al Capone ?

Oui, dans ses grandes lignes. Capone a été libéré en 1939 après une détention de dix ans, atteint de neurosyphilis, et a vécu à Miami jusqu’à sa mort en 1947. Il souffrait de confusions mentales, de pertes de mémoire, et de délires paranoïaques. Le film ne ment pas sur ces faits. En revanche, il dramatise les scènes de recherche de fortune cachée, qui n’ont pas de preuves historiques concrètes.

Comment ce biopic se compare-t-il à Les Intouchables avec Robert De Niro ?

Alors que De Niro dans Les Intouchables (1987) incarne un Capone puissant, charismatique et redoutable, Hardy joue un fantôme. Le premier est un mythe du crime organisé ; le second, un homme qui s’efface. L’un est un portrait de pouvoir, l’autre un portrait de déclin. Ce n’est pas une rivalité — c’est une dualité. Ensemble, ils offrent les deux faces d’un même homme.

Pourquoi Josh Trank n’a-t-il pas fait d’autres films après Capone ?

Après l’échec de Fantastic Four et la réception mitigée de Capone, Trank a disparu des radars de Hollywood. Il n’a pas annoncé de nouveau projet, et aucune production n’a été confirmée. Son style, trop personnel et sombre, ne correspond plus aux attentes des studios. Capone reste peut-être son dernier film — un testament d’artiste en marge.

Vaut-il la peine de regarder Capone aujourd’hui ?

Si vous aimez les films qui dérangent, qui refusent d’être faciles, et qui explorent la folie avec une intensité presque théâtrale, alors oui. Ce n’est pas un film pour tout le monde. Mais c’est un film qui vous reste. Hardy y donne une performance d’une rare brutalité psychologique, et Trank y révèle une sensibilité cachée. C’est un bijou mal aimé — et c’est peut-être ce qui le rend précieux.